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Clémence, les ténèbres de la TCR et la renaissance en Espagne. Bikepacking et préparation mentale

Dernière mise à jour : 25 juin

La TCR n°9 était mon objectif principal pour 2023.

J'avais mis énormément de temps, d'efforts et de sacrifices dans cette course.


Malheureusement, une tendinite au genou droit, un mental en vrac et une année personnelle difficile ont mis au tapis toutes mes ambitions. Même celle de finir.


Avant la TCR, j'avais commencé un long coaching mental, avec mon ami Richard Delaume.

De nombreuses conversations pour débroussailler mes idées, perceptions et aprioris sur la course, mon entraînement et ma personnalité en général.


Je suis revenue de Croatie bredouille, un peu désabusée. C'était mon premier abandon en course.


Je me suis enfuie quelques jours chez Lili mon amie. Pour digérer, dormir et soigner mes blessures.


Et puis la vie reprend. Comme pour tout , la terre tourne, l'eau coule sous les ponts et les blessures guérissent.


Pour clôturer ma saison 2023 et me remettre en selle, j'ai participé en duo avec Lili à la course Liège Chimay Liège. 500 km dans le sud de la Belgique. Des parcours imposés, des check points et au milieu un peu de freestyle.


Nous avons livré ensemble  une belle performance.


En septembre, durant une insomnie, je décide d'organiser un voyage vers le Nord. Copenhague et puis Stockholm au départ de chez moi en Belgique. Je fais ma proposition à Lili. Elle accepte sans hésitation. Avec toi, me dit-elle j'irai partout.


Une semaine plus tard, nous fermons la porte de mon appartement et nous partons direction le Nord.


Cette expérience me fera oublier ma peur du crépuscule, et m'apaisera par rapport aux nuits à l'extérieur.


En parallèle, je continue mes entretiens de coaching mental avec Richard. Nous travaillons sur mes motivations profondes, mes points d’ancrages et les parades pour éviter les spirales négatives.


Le mois de Janvier arrive, et j'ai l’opportunité de mettre en pause mon travail d'infirmière pour 9 semaines.

Durant ce laps de temps je vais partir voyager en Asie du sud-est avec mon vélo et trois fois rien dans mes sacoches.


Durant ce voyage, je vais traverser toutes sortes de phases. J'ai eu peur , l'envie de faire demi-tour une bonne quarantaine de fois, de l'exaltation et puis de la plénitude.


Ce voyage aura reconstruit en partie ce que plusieurs deuils et séparations antérieures avaient abîmés.


Je rentre en Belgique au printemps 2024.


Je reprends mon travail d'infirmière à Bruxelles et mon calendrier de courses 2024 est déjà bien rempli.


Deux mois après mon retour, je suis en Espagne, pour prendre le départ de la course La Kromvojoj Redux 930 km avec plus de 15 000 mètres de dénivelé positif.


Je dois avouer que les jours précédents mon départ n'étaient pas optimum.


J'ai enchaîné les doubles shifts à l'hôpital et même, les deux jours avant mon départ pour l'Espagne les 3 shifts en moins de 48 heures.


Cela a un peu jeté un froid sur ma confiance en moi et ma capacité à être prête et reposée pour le départ de la course.


Je dois aussi avouer que je ne me sentais pas prête physiquement.

Le surplus de travail m'ayant empêché de suivre mon plan d'entraînement.


Le départ se fera à 20h le samedi 11 mai.


Je pars dernière en queue de peloton. Mon expérience me pousse à un démarrage prudent. Je laisse les fougueux démarrer au quart de tour et je me retrouve très vite seule.


La première nuit est longue, je me mets rapidement en mode course. Et naturellement mes actions s'accordent à ma stratégie. L'expérience dicte mes actes et ma prise de décision.


Je commence à dépasser des concurrents, ils dorment sur les bas côtés ou ont ralentit le rythme.


À la fin du dimanche 12 mai j'ai roulé 338 km , 4500 de dénivelé positif en 22 heures. J'arrive au CP 1 en haut du col de Banyuls.


Je choisis de dormir 4h dans un hôtel en bord de mer.


L'étape suivante sera extrêmement difficile. L'enchaînement des cols très raides fera souffrir un bon nombre d'entre nous. Certains iront même jusqu'à jeter l'éponge .

Je reste dans ma bulle.

J'éprouve très peu le besoin de communiquer.

Habituellement j'aime écrire sur les groupes WhatsApp de mes amis cyclistes ou sur Instagram. Cela me donne du courage et j'en retire du soutien.


Cette fois-ci c'est différent. Je n'ai pas le besoin de communiquer, je n'ai pas envie d'être déconcentrée. Ma motivation et ma détermination me suffisent.

Mon esprit et mon corps savent ce qu'ils font.


Mon mental est dur et je le sens. Quelque chose a changé ou se révèle à moi.


Après 210 km , 18h d'efforts et presque 6000 mètres de dénivelé positif je m'arrête pour dormir.


Mon réveil me jouera un mauvais tour, il ne sonnera pas. Je vais me réveiller en sursaut à 3h30 du matin. Je suis ennuyée. Mais je fais avec. Une heure de retard, ce n'est pas trop grave. Je reste dans ma gestion des émotions.


Ma troisième étape me fera rencontrer les orages de montage, la pluie, la grêle et le froid.

Les Pyrénées sont incroyablement belles et sauvages. Le ravitaillement est difficile voir impossible . Je vais rouler près de 150 km sans réellement manger. La nourriture qu'il me reste me dégoûte et la majorité baignent dans l'eau.


Tant pis, je fais le switch dans mon esprit. Je mangerais plus tard en attendant mon corps n'a qu'à passer en lipolyse.


Les paysages seront déchirants et sublimes. Je stocke la majorité de ces images dans ma tête.


Mon mental reste dur et concentré.


J'ai la course dans la peau et je sens que je retrouve ma force d'avant.




Je vais achever cette journée au bout de 210 km. Un repos de 3 heures plus tard, je repars vers le CP2 et l'arrivée.


J'ai hésité un moment à ne pas m'arrêter. Rallier le CP2 et puis le finish en une fois.


Ma position dans la course n'était pas si mal et je voyageais entre la 6 et la 10ème position.


J'ai téléphoné à mes deux coachs, physique et mental. Tous les deux m'ont validé dans le choix de dormir un peu. La fougue ne prend pas le dessus sur l'expérience.


Les 10 dernières heures de course seront éprouvantes. Je n'arrive toujours pas à manger.

Je m'accroche à la perspective de franchir la ligne d'arrivée.


50 km avant l'arrivée, je n'avance plus. Les paysages sont glauques et vides.


J'allume mon téléphone, je constate que je suis en 9ème position et qu' un concurrent espagnol est à 8 km de moi.


J’opère un nouveau switch mental et je pousse le plus fort possible sur mes pédales.

Je veux le distancer. J'ai la force du dernier combat.


Le dernier col franchi, au point de bascule, mon poursuivant est à 14 km de moi. Je continue à fuir vers l'avant. L'écart se creuse. Il est à bonne distance maintenant mais je ne peux me résoudre à ralentir.


Je franchis la ligne d'arrivée après 3 jours et 14h de course, 1ère femme et 9ème au classement général sur une trentaine de participants.



La Kromvojoj aura été une renaissance pour moi. J'ai pris le départ avec beaucoup de calme et mes anciens démons sont restés derrière moi.

À l'arrivée je me sens plus forte, j'ai retrouvé une partie sauvage de mon cœur et de mon esprit.


J'ai balayé le besoin de me raccrocher à l'approbation des “ autres” , au soutien virtuel des réseaux sociaux.

J'ai roulé pour moi, de toutes mes forces, pour me retrouver. J'ai retrouvé ma clé, mon objectif.


À la suite de cette expérience, je tiens à remercier mon coach mental, Richard,qui depuis près de 10 mois m'écoute et m'aide à retrouver mon chemin et ma hargne.


Une grosse dédicace aussi à mes parents qui me soutiennent dans n'importe quel projet et à mes quelques amis très proches qui m'accompagnent toujours au creux de mon cœur.


Notes de Richard : Je connais Clémence 5 ans, lorsqu'elle m'a contacté au sujet d'un choix de sacoches. Depuis, nous sommes restés proches. Au gré de sa progression et de son objectif de parcourir la TCR, nos discussions allaient bon train. Lorsque j'ai débuté ma formation de préparateur mental, il m'a semblé logique que Clémence soit mon sujet de mémoire "Bikepacking et préparation mentale". Nous avons donc entamé un long travail d'introspection qui nourrira 4 mémoires sur la préparation mentale en ultra. Je tiens moi aussi à remercier et fécliciter Clémence pour son engagement, son implication au quotidien et sa capacité de remise en question dans son sport. Ce travail effectué par Clémence rappelle que le mental est avant tout la mentalité et l'état d'esprit avec lequel on s'attaque aux difficultés, avec calme , détermination, rigueur et exigence personelle. Pour suivre Clémence sur Instagram : https://www.instagram.com/p/C7CTXfzs0huIKsA9wxJ1yDfX4tPYT_KZX3BwdA0/?igsh=MXQxbWhxM3N4MzI0eQ==









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